L'amante religieuse du May Flower

L'amante religieuse du May flower

Thriller psycholgique écrit à 4 maisn, avec Gilles FRULIO.

CE roman va vous transporter en Angleterre, à Plymouth, où le shérif Peter Smallbig reçoit des énigmes de la part d'une milice secrète qui le dirigent vers des lieux où ont été dposées des têtes décaptiées.Chaque chapitre est illustré en couleur.

La préface a été faite par Mme TRICOT Michelle, auteure:

Amatrice de romans policiers, ayant été jurée d’un grand salon de polars en région parisienne, je me suis laissée portée avec plaisir par ce thriller au scénario

original, à l’intrigue bien menée, et à la chute inattendue. Une belle écriture et de riches recherches historiques, une petite pointe d’humour dans les noms (le titre du livre n’est-il pas « L’amante religieuse » ?) qui donne un peu de légèreté au côté noir du roman, et une belle histoire d’amour platonique, font de ce roman un thriller passionnant. Que la noirceur du sujet ne nous fasse pas oublier la beauté des messages qui y sont délivrés.

Accompagnons donc Peter, nouvellement nommé shérif dans le comté de Plymouth en l’an de grâce 1616, sur les routes semées d’horribles crimes qu’il va devoir résoudre avec son âme de justicier tenace, en élucidant des énigmes qui le mèneront jusqu’au déroulement final et vers une fin inattendue. Mais …chut !

Je tiens à féliciter Nathalie et Gilles pour cette écriture à quatre mains et je souhaite un beau voyage à « L’Amante religieuse du May Flower ».

Une lectrice nous a laissé un beau retour, que nous partageons ici:

L’Amante Religieuse du May Flower

par Nathalie et Gilles Gayou-Frulio

Éditions Plumes Ô Vent, avril 2024

« L’Amante Religieuse du May Flower », voici un titre qui augure bien d’une intrigue basée sur des faits réels, mais plongeant dans l’effroyable avec une note de légèreté.

Cependant ce n’est que vers la fin du livre que l’on découvrira le sens de cette expression.  

D’emblée nous sommes jetés dans une sorte de jeu de piste organisé par une mystérieuse « Milice de Salomon », qui traîne le shérif de Plymouth de meurtre crapuleux en assassinat sordide – tous selon le même scénario pourtant. La trame du roman s’articule un peu comme celle des « Dix petits… (Africains) » d’Agatha Christie, mais sur un fond ésotérique : les dix meurtres relevés (auxquels il s’en ajoute un onzième qui brouille les pistes mais n’a rien à voir) sont tous reliés à chacun des Dix Commandements énoncés par Moïse dans la Bible.

Impossible d’en découvrir les auteurs, malgré leur insistance à prévenir le shérif de chacun de leurs forfaits : cette « milice » demeure une énigme.

Tandis que l’on navigue dans un Plymouth apparemment bien connu des auteurs à travers des personnages aux noms volontairement comiques (Karl Lage, Allayn Fresh, Richard Dasso… ils sont tous répertoriés à la fin avec un petit commentaire), certains êtres bien réels ayant marqué l’histoire de la ville (le Baron Windsor) ou celle de l’expédition du Mayflower (William Bradford) apparaissent et jouent un rôle de plus en plus déterminant.

En ce XVIIe siècle naissant, l’Angleterre était déchirée par les dissensions entre anglicans et calvinistes, ou « puritains », qui précisément durent fuir vers l’Amérique par le mythique bateau. Mais que fait donc là cette « amante religieuse » ?

L’ouvrage de Nathalie et Gilles Gayou-Frulio réussit le pari d’être à la fois passionnant, intrigant, entraînant par son écriture vive et alerte, et largement documenté, offrant une vue assez réaliste de la vie locale à cette époque.

On y ressent également des interrogations actuelles sur l’écologie, la pollution, les dangers de la désinformation, la position des femmes, ou encore les thérapies naturelles. Un autre point, cher à l’auteure, est souligné : c’est la certitude de la réincarnation et de l’existence d’âmes-sœurs qui, se reconnaissant, peuvent vivre un amour platonique dépassant toute règle sociale ou limite matérielle. Enfin le marque-page accompagnant l’ouvrage achève, avec une citation de Joseph Kessel, de nous rappeler les convictions profondes de Nathalie Gayou sur le sens de la vie.

Que conclure donc de ce petit livre agréablement illustré en couleurs et égayé de lettrines en début de chaque chapitre, voire de signes d’un alphabet templier du XIIe siècle, sinon que vous passerez un bon moment avec lui et certainement le dévorerez ? C’est du moins ce que j’ai fait.

Martine Maillard

et pour finir voici un extrait

Aux premières lueurs du jour, la brume recouvrait la clairière à l'orée du bois de Saltram. Un petit groupe d'hommes descendait d'un coche tiré par un cheval brun. L'un d'eux, vêtu d'une grande cape et d'un tricorne, l'air grave, donna quelques directives à ses collègues, les dirigeant dans des directions opposées. Chacun semblait chercher quelque chose dans les herbes humides qui bordaient le petit chemin de pierres et de terre boueuse. Peter, venait d'être nommé shérif du Comté de Plymouth, pour sa plus grande fierté. Il était rentré dans la police comme on rentre en religion, par vocation, par conviction. Depuis sa plus tendre enfance, il avait toujours été du côté des bons, comme il aimait le préciser, à pister les voleurs, traquer les assassins en débusquant les traces, le moindre indice muni de sa loupe. Il avait l'âme d'un justicier tenace. C’est Sir Smallbig, son père, ancien juge, qui lui avait enseigné ces valeurs qu'il s'était appropriées et qui l’avait conduit vers une destinée toute tracée. En entrant dans la police du comté, il avait grimpé les échelons rapidement, toujours bien noté, très apprécié de ses supérieurs. En janvier de cette année, il avait été récompensé de quinze ans de loyaux services en étant nommé à la tête du commissariat de cette ville du Sud de l'Angleterre. En montant en voiture ce matin du seize avril, Peter ne savait pas qu'il partait sur une enquête qui allait le faire vibrer, lui donner du fil à retordre, et surtout le sortir des petites enquêtes sans grand intérêt, d'adultères, de vols à l'étalage qui occupaient ses journées, mais sans y trouver la passion de sa mission.

Une heure plus tôt, en arrivant à son office, Peter avait trouvé sous la porte une lettre étrange qui lui avait été adressée en son nom. Pour être certain que personne d'autre que lui ne prenne connaissance de son contenu, cette missive avait été scellée, non pas par un sceau de cire, comme il était courant de le faire, mais par un cadenas de papier. La lettre avait été pliée et repliée, de sorte qu'il ne restait plus qu'une petite bande de papier de cinq centimètres de largeur. Une petite lanière, prélevée dans la missive, avait été passée plusieurs fois de manière circulaire dans un trou qui traverse les pliages, puis une goutte de sang avait été versée afin de faire gonfler les fibres du papier pour sceller le courrier. Il était donc impossible d'ouvrir la lettre sans arracher ce verrou. En découvrant cette mystérieuse missive, Peter n'avait pas caché son enthousiasme. Il espérait une occasion de pouvoir enfin exercer sa perspicacité naturelle dans une enquête qui s’annonçait riche en rebondissements, en mystères et qui allait sans nul doute sortir de l'ordinaire. Cette technique de letterlocking avait été utilisée par Marie Stuart pour la dernière lettre de sa vie. Le procédé était difficile, long et minutieux et ne pouvait pas être attribué à n'importe quel habitant. Il était l'œuvre de quelqu'un de cultivé, d'appliqué et surtout qui aimait jouer. Son adversaire semblait être quelqu’un d’intelligent qui allait lui offrir un combat digne de ce nom. Il avait trouvé son partenaire de jeu en s'adressant directement à Peter et à son flair légendaire. Le shérif avait, avant d'ouvrir son courrier, pris du temps pour admirer le travail de scellage. Il n'aurait lui-même jamais pensé utiliser ce système et pourtant, il garantissait une sécurisation optimale. Peter mit ses gants qu'il gardait toujours dans la poche intérieure de sa cape. Quand il eut admiré la minutie du pliage et du tressage, Peter déplia fébrilement le parchemin de papier, jubilant par avance de ce qu'il pourrait découvrir. Il devait garder cette unique pièce à conviction, immaculée et à l'abri de toute salissure pouvant nuire à l'enquête. L’enquêteur, tel un animal traquant sa proie, mit tous ses sens en éveil.  Il commença par flairer lentement la lettre, en quête du moindre indice. Seules se démarquaient l'odeur du papier et de l'encre utilisée. Il scruta de sa loupe chaque millimètre, observant les fibres maculées de gouttes de sang. Était-il humain, animal, celui d'une victime ou de l'auteur du courrier lui-même ?  La curiosité était à son comble et sans plus attendre Peter délaça le cadenas et déplia fébrilement les bandes pliées. Il découvrit un message assez bref, écrit d'une encre brune tirant sur le jaune. L'écriture était celle d'une personne assurée qui maîtrisait l'usage de la plume. Il n'y avait aucune bavure et on avait pris le temps d'assécher l'encre avant de plier la feuille.

L’un des 3 frères te conduira vers Plym

où tu trouveras le fruit de notre vengeance.

Signé les chevaliers de

 

 

l'Ordre de la Milice de Salomon.

 

Peter s'installa à son bureau, devant la carte du Comté, à la recherche du lieu indiqué. Saltram était située plus au Sud/Est, à environ trois kilomètres de Plymouth. Il y avait effectivement une croisée des chemins, que l'on appelait le carrefour des trois frères, en référence aux trois chênes pluri centenaires qui jouxtaient les voies. L'une partait vers la rivière, l'autre vers la forêt, la troisième vers Plymouth. C'est le chemin vers le cours d’eau qui allait le conduire, lui et ses hommes, vers une macabre découverte.

Black, l'un des enquêteurs, repéra des traces de pas dans la terre boueuse. Peter, s'accroupit pour les observer attentivement. Il y avait plusieurs empreintes de semelles différentes, mais toutes allant dans la même direction, provenant vraisemblablement d’un groupe de cinq hommes. Les policiers suivirent les pas en prenant soin de marcher à l'écart du chemin pour ne pas brouiller les pistes. Soudain, une scène d'horreur insoutenable émergea à leurs pieds. Les traces au sol montraient qu'une bagarre avait eu lieu et une tête décapitée gisait dans une mare de sang. Le cou avait été déchiqueté et détaché du corps, dont il ne restait plus aucune trace.

Peter, après un moment d'effroi, s'approcha de la tête qui semblait intacte, avec un bout de papier sortant de la bouche. Il tira lentement pour l'extraire sans risquer de le déchirer. L'écriture était la même que sur la lettre qu'il avait reçue. Il découvrit le message sans le comprendre vraiment.

Tu ne porteras pas de témoignage

mensonger contre ton prochain.

 

 

Après une observation approfondie, il s'aperçut que l'oreille gauche avait été soigneusement prélevée et son front avait été incisé d'un       .     Peter n'avait aucune idée de la signification de ce symbole. Il allait devoir, de retour à son bureau, entamer des recherches approfondies. Il trouverait certainement des indices en relisant la lettre.

Francis, l'un des enquêteurs avait reconnu le visage décapité. Il avait eu affaire à lui sur le port lors d'une bagarre entre hommes un peu trop avinés. Il s'agissait de Jerry Kan, bras droit de Francisco Garofalo, Napolitain irascible qui régnait tel un tyran dans les quartiers du vieux port où il s'était octroyé le droit de vie et de mort sur toutes les personnes qui entravaient son chemin. La plupart des maisons, qu'il louait à des femmes, ses protégées, lui appartenaient. C’était un proxénète notoire s'enrichissant en exploitant leur charme. Il avait une clientèle très élargie, allant des marins et militaires de passage, aux bourgeois locaux en passant par des personnalités publiques pour lesquelles des maisons étaient réservées, gérées par des mères maquerelles. La police avait dû intervenir à plusieurs reprises à la suite de plaintes, dénonciations, disparitions de jeunes femmes qui avaient été enrôlées de force par Garofalo et son bras droit Kan. Ses enquêteurs adjoints Black et Decker, avec précaution, enveloppèrent le crâne pour le charger dans la calèche, tandis que Smallbig notait ses observations sur son carnet. Ils allèrent chez une connaissance du shérif, Harry Cover, un artiste portraitiste qui aimait travailler pour la police, pour s’octroyer ses bonnes grâces et lui permettre de s’ouvrir une clientèle de la bourgeoisie de la ville. Celui-ci réalisa rapidement le portrait de la victime, en prenant soin de le représenter les yeux ouverts, comme s’il était toujours en vie. Peter insista pour que cet assassinat reste confidentiel. Ils prirent ensuite, à cheval, la direction du port de Millybay, fief de cette première victime, pour y interroger Garofalo. Le port était un endroit où les policiers n'aimaient guère venir. Quand ils y étaient obligés, c'était pour régler de sales affaires, embarquer des types trop abreuvés, qui voyaient en chaque gars qui croisait leur route, un exutoire à leurs colères et frustrations. Le port empestait la puanteur de têtes de poissons décapités emprisonnées dans des filets qui jonchaient le sol, et la viande saoule qui urinait et déféquait dans les moindres recoins.  Ce port n'avait rien d'un lieu de plaisance où il était bon de flâner. Il fallait prendre garde à chaque pas, chaque parole, chaque regard qui pouvaient être pris pour une agression. Des femmes débraillées, la mamelle tombante dans des corsages trop serrés, les robes maculées de tâches toutes aussi répugnantes les unes que les autres, attendaient le client sur des pas-de-porte puants les excréments balancés des fenêtres dans les ruelles pavées. Elles racolaient le client comme d'autres braillaient à la criée pour vendre leurs poissons, les aguichaient en relevant leurs jupons, exhibant des cuisses bien charnues et des dessous aux odeurs pestilentielles. Peter et ses deux gorilles, Black et Decker, bien vêtus, débarquèrent pareils à des boules dans un jeu de quilles. L'agitation, la gouaille, qui animaient le port, se figèrent, tel un arrêt sur image, avant que les différents hommes se carapatent dans une ruelle, comme s'ils avaient quelque chose à se reprocher. Seules les prostituées ne décampèrent pas, gardant orgueilleusement leur pas de porte. Peter s'approcha d'un vieillard resté assis, impassible, qui ne semblait n'avoir peur de rien et encore moins de la police. Le commissaire lui demanda s'il connaissait Kan. L'homme releva son regard blanc vers Smallbig, ouvrit la bouche dont il ne sortit que des gémissements, sa langue avait été arrachée et ses yeux crevés. Il n’y avait rien à en tirer. Les trois policiers avancèrent alors vers les ruelles de ces dames de joie. L'une d'elles, plus vieille que les autres vint à leur rencontre, exhibant fièrement sa mine bouffie aux relents de vieux whisky.

-"Qu'est-ce qui vous amène mes petits poulets ?"

Sans s'offusquer de cette familiarité, Peter demanda si elle connaissait un certain Jerry Kan qui venait d'être retrouvé mort.

-"Ce fils de pute n'a eu que ce qu'il méritait, c'est une pourriture, un menteur prêt à trahir ses propres parents sans aucun scrupule. Je ne sais pas qui lui a fait sa fête, mais je veux bien le récompenser d'une passe avec la plus belle de mes filles."

Elle releva une mèche de cheveux gris, bien gras, dévoilant une balafre qui partait du sommet du crâne, traversant le front, puis l'œil et la joue avant de finir dans le cou. La blessure lui avait fait perdre son œil droit au passage et avait été recousue grossièrement avec de larges sutures qui avaient dû s'infecter et étaient restées béantes à certains endroits.

-"Vous voyez ça ? J'étais une belle femme avant. Mais ce sale type est allé se plaindre de moi au Scomunicato en disant des mensonges et je n'ai pas eu le droit de me défendre. Cette raclure de Garofalo a envoyé son sbire m'administrer ce châtiment. Je hais Kan à un point que vous n'imaginez même pas, qu'il aille pourrir en enfer et j'espère que l’Italien suivra."

-"Le Scomunicato, c’est l’Italien ?  Mais qui est-il et où le trouver ?" interrogea Peter.

-"C'est Francisco Garofalo, le tyran du port. Il fait sa loi ici et tout le monde est à sa merci. Même moi je dois lui rendre des comptes sur le commerce de mes filles. A l'heure qu'il est, il doit être dans un tripot à picoler mais il t'aura repéré avant que tu n'arrives et tu le trouveras jamais, personne ne le connait ou ne l’a vu."

Peter et ses deux hommes reprirent la route vers le bureau. Cette affaire semblait n'être qu'un banal règlement de comptes qui avait été mis en scène de façon mystérieuse pour éloigner les soupçons. Il ne faisait aucun doute que ce crime ne soit dû à un règlement de comptes, ou la vengeance de l'une des filles de joie sous l'impulsion de la mère maquerelle. Peter plaça son carnet dans son tiroir la journée touchait à sa fin.

Demain serait un autre jour.