VOYAGES AU-DELA DE LA NUIT

VOYAGES AU-DELA DE LA NUIT

La découverte fortuite d'une vieille épée de templier, dans le jardin de l'ancienne chapelle du Pont, dont les mystères ont été contés dans "le Mystère de la chapelle du Pont", va conduire l'auteur à voyager par la pensée dans différentes époques du passé. Ces voyages astraux (appelés aussi sorties du corps) lui permettront d'assister à des passages importants de l'Histoire,principalement locale comme le traité de paix entre la France et l'Angleterre au ème siècle, la découverte de l'Amérique, ou encore la nuit de noces de César Borgia, seigneur d'Issoudun.

Sur fond d'intrigues qui relient différentes époques, l'uateur fait revivre dans ce roman fantastique, certains personnages clés de son premier roman "le Mystère de la Chapelle du Pont" et vous invite dans ses voyages spatio-temporels qui ne vous laisseront pas indifférents.

le premier chapitre vous est offert:

Les premiers jours de soleil arrivaient après un hiver doux mais très pluvieux. La grisaille, la pluie, avaient eu raison de la bonne humeur et avaient laissé planer sur tous, l’ennui et la morosité. Les premiers rayons de soleil donnaient l’envie de sortir, de jardiner, de s’aérer, de reprendre goût à la vie.

 

            Mon jardin me tendait ses bras pour que je le bichonne : taille des rosiers, des arbustes et des arbres, désherbage et bouturages, plantations et semences. Je décidais de planter de nouveaux rosiers le long de la clôture. Armée de ma bêche, je commençais à creuser un trou mais je fus vite bloquée par quelque chose de dur. Pensant qu’il s’agissait d’une grosse pierre, je me décidais à décaler légèrement l’emplacement choisi. Ma bêche rencontra de nouveau un obstacle. Une pierre aussi longue, ou large, c’était étrange.

         Peut-être était-ce un vestige de la chapelle qui avait été bâtie au 12ème siècle et détruite en 1830 ? J’avais déjà retrouvé des pierres tombales anciennes, une pierre sculptée de la croix pattée des templiers, une descente de souterrains ou la base d’une tour octogonale et je me réjouissais à l’avance  de la nouvelle trouvaille que j’allais dénicher. A quatre pattes, je délaissais la bêche au profit de mes mains, plus à même de dégager et mettre à nu cette pierre. En déblayant la terre et les cailloux je découvris des détritus de bois.

 

         Etait-ce une planche qui était enfouie et qui me bloquait ? Le bois était très vieux, et se désagrégeait sous les assauts de mes doigts. Curieuse de savoir ce que c’était, je continuais à sortir les lamelles de bois quand j’agrippai un morceau en fer très rouillé mais dont la fonction ne laissait aucun doute. Cela ressemblait fort à une attache, un fermoir ou serrure. Peut-être était-ce donc une vieille porte qui était enfouie sous terre. Décidée d’une part à planter mon arbuste, et curieuse, d’autre part de savoir ce qui était enterré là, je continuais mes recherches archéologiques. Le bois semblait vraiment très ancien vu l’état dans lequel il se trouvait. Je ne parvenais à dégager que des fibres de bois, les unes après les autres, quand deux nouvelles pièces métalliques et très rouillées apparurent. Cette fois, j’abandonnais l’idée de la porte et je me surprenais à rêver à une découverte extraordinaire. Mon excitation était au maximum et malgré l’après-midi qui prenait fin et la fraicheur qui revenait, je n’étais pas décidée à abandonner en si bon chemin.

 

         Le soleil était couché quand je touchais une pièce froide et granuleuse. Je n’en percevais qu’une petite partie mais ne parvenant à la retirer du sol,  j’en déduisais que le morceau de fer devait être assez conséquent. Au prix de multiples efforts, je parvenais à dégager une longue lame métallique pointue à une extrémité. L’autre extrémité était encore enfouie sous le bois et la terre, et gardait ses secrets. Il commençait à se faire tard mais il m’était impossible de laisser ainsi mon chantier. Peut-être étais-je en train de ressortir un outil ancien, du Moyen-âge ou plus ancien encore ?

 

         Je continuais à gratter la terre consciencieusement jusqu’au moment où je réussis à extraire mon trésor. J’étais ébahie, abasourdie, il n’y avait aucun doute sur l’objet. Je venais d’extraire, des entrailles du sol, une épée. Pour moi, chercheuse de trésor amateur depuis toujours, attirée par le passé des lieux, par l’histoire, par la vie de mes ancêtres, je ne pouvais croire que je venais de débusquer, sans l’avoir cherché une telle arme. Je parvenais à la sortir entièrement de terre et je la tenais religieusement de mes deux mains, une larme à l’œil. Il m’est impossible de décrire maintenant la sensation ressentie à ce moment merveilleux où j’ai tenu cette épée.

         Une grande tristesse m’envahit tout d’un coup, une tristesse que je ne comprenais pas. Je venais de découvrir un trésor du passé et cette découverte merveilleuse, quelle qu’elle fût aurait du me combler de joie. Cette épée, dont je ne devinais que la forme, était rongée par la rouille et des agglomérats de terre et cailloux mêlés. Un élan de tendresse me fit la serrer contre mon cœur en fermant les yeux. Je sentais des vibrations venir de l’épée et parcourir mon corps en partant de mes mains, puis en longeant mes bras pour se noyer dans mon corps tout entier.

         J’eus alors l’impression que mon esprit se détachait brusquement de la réalité. Je me mis à rêver éveillée. Je voyais une magnifique épée étincelante, rutilante, ornée de pierres multicolores à la ceinture d’un homme grand, en robe blanche, une croix pattée rouge sur le torse. C’est ma fille qui me fit sortir de mon songe et revenir à moi :

-« Maman, tu fais quoi ? Tu dors ? C’est quoi ce truc que t’as trouvé ? »

         J’eus du mal à retrouver mes esprits. Je ne savais pas si j’avais somnolé, si ce que j’avais rêvé n’était qu’un rêve ou le fruit de mon imagination. L’épée que je venais d’imaginer ne ressemblait en rien à celle que j’avais entre les mains, à part peut-être la forme que l’on devinait.

-« Quelle heure est-il s’il te plaît Océane ? »

-« Il est 20 heures, faudrait peut–être penser à faire à manger, j’ai faim moi ! »

         Revenant difficilement dans la réalité, le regard un peu perdu, je voulais partager avec ma fille l’émotion et la joie de ma découverte :

Regarde ce que j’ai trouvé…je crois que c’est une épée… »

         J’attendais qu’elle s’extasie devant ma trouvaille, et qu’elle s’y intéresse  même par complaisance, mais elle me fit vite redescendre de mon petit nuage. Elle jeta un œil rapide sur mon trésor que l’enlaçais religieusement et avec amour :

« Mouais ! Si tu le dis ! Bon !  On mange quoi ? »

         J’étais visiblement la seule à trouver mon trésor incroyable. L’archéologue providentiel rentrait donc à la maison, son épée dans les bras, pour reprendre son rôle de mère nourricière.